La COVID-19 à l’ère du village planétaire : entre le national et l’international


Beaverly Milord

Université d’Ottawa

Les enjeux du présent demandent des solutions d’avenir. D’où l’impératif de réfléchir sur soi-même et sur le monde. À quel niveau en sommes-nous conscientes et conscients ? La connaissance de soi permet de mieux comprendre l’approche adéquate dans les prises de décision éthique et résolution de problèmes. Ce qui se passe aujourd’hui, en ce qui a trait à la COVID-19, est un truchement pour tout humain de comprendre son rôle en tant que citoyen·ne du monde, ce qui met à l’épreuve notre sens d’appartenance à la collectivité élargie et à l’humanité commune. Dans les lignes qui suivent, nous ferons ressortir l’importance de la communication et la technologie à l’heure du village planétaire et l’interdépendance entre le national et l’international. Au cours de ces derniers mois, nous constatons comment le cours de la vie, de tout humain, a pu changer à cause d’un virus qui se propage à travers le monde et fait beaucoup de ravages.

La COVID-19 est un virus entrainant chez l’humain différentes maladies comme la toux et le rhume, pour ne citer que celles-là et pouvant même aboutir à des infections pulmonaires, jusqu’à causer la mort. Elle a fait ses débuts dans une ville en Chine connue sous le nom de Wuhan et s’est vite répandue à travers le monde et a atteint le stade de pandémie.

Notre réflexion ne portera pas sur les caractéristiques épidémiologiques et cliniques de la maladie mais plutôt sur les implications sociales et spatiales qu’elle conditionne, moyennant les échanges discursifs sur la mondialisation, en se questionnant sur cette société globalisée, se référant aux bouleversements mondiaux.

On sait parfaitement que le globe terrestre est caractérisé par un assemblage de territoires de toutes tailles. Ces agglomérations différenciées sont spécifiées de mœurs, rites et cultures qui se distinguent les uns des autres. Cet ensemble acquiert les attributs du mot « Village », vocable pouvant faire référence au lieu, l’espace et la distance. Dans ce contexte, on peut considérer les différentes expériences vécues dans ces différents territoires de ce village planétaire, que ça soit d’ici, d’ailleurs, comme cadrées dans un seul et unique monde. Ces vocables (ici, ailleurs, là-bas), prennent tous leurs sens grâce à la mobilité dans laquelle la proximité et l’éloignement, les moments passés, futurs ou présents, il n’existe pas d’élongation comme ils peuvent laisser entrevoir.

S’il l’on se réfère aux lignes précédentes relatives à l’interconnexion mondiale, la collectivité élargie, et l’humanité commune, l’on peut rapidement comprendre l’explication cohérente à la propagation de la maladie. Les sociétés bougent et sont dynamiques, des échanges constants et économiques se font entre différents pays, donc les déplacements d’individus par des voyages terrestres et aériens d’où la rapide circulation du virus. Dès lors, nos habitudes de vie ont changé et nous n’avons pas d’autres choix que de nous adapter. À ces constats, une question impérative s’impose : La COVID-19 à l’ère du village planétaire : entre le national et l’international. Quel avenir ?

  1. VILLAGE PLANÉTAIRE DIT-ON ?

L’expression Village Planétaire dont la traduction anglaise est « Global Village », a été tirée du livre : « The Medium is the Massage » de Marshall McLuhan (1967). Dans son ouvrage, l’auteur a fait usage de ladite expression afin de faire ressortir les retombées de la mondialisation aux regards des médias, des technologies de l’information et de la communication. À l’ère actuelle, les moyens de communication par les progrès de la technologie moderne permettent que les informations soient véhiculées par les grands médias, ce qui donne la nette impression que la totalité des micros-sociétés ne fait qu’une seule et même société. Il n’y aurait donc pas, peut-on croire, plusieurs territoires, sociétés, mais une seule et grande culture qu’est celle d’une culture mondiale. Ce monde unifié trouve toute son essence dans cette habileté que peut avoir une personne à avoir accès avec rapidité à des informations n’importe où elle se trouve sur la planète. Cela revient à considérer que nous appartenons tous et toutes à un même monde virtuel, un seul et même village planétaire. Dans ce village, tous les humains sont devenus interdépendants.

Nous ne pouvons plus ignorer l’existence des autres et que leur altérité résulte de leur éloignement ou distanciation sociale (Jacquard, 2005).

2.     L’AGENCEMENT DU NATIONAL

Autour du terme national existe une grande richesse sémantique permettant d’appréhender le sens de ce concept dans ses différents contextes. Si l’on se fie au sens réel du terme, l’on tiendra pour acquis qu’il fait référence à un lieu correspondant à une fraction unique, nommée, localisable, de l’espace terrestre (Szczepanski, 2003). Démographiquement parlant, le national ou local est délimité physiquement par des montagnes, mers, etc., et du point de vue administratif par des frontières caractérisées par une identité paysagère, économique et politique. Dans ce même lieu est favorisé le tissage de lien entre les relations sociales, les routines des habitants qui y vivent, etc. Dans cet espace, ces derniers y vivent, construisent leurs vies, et font de ce lieu un sentiment d’attachement et d’appartenance mutuels. À ces mots, l’on peut déduire que la mobilité peut être constituée comme l’élément essentiel autour de ces modes de vie. Cette mobilité ne se réduit pas que par la mouvance et les vies routinières des hommes, mais également par les communications, les cultures, les échanges, etc. Il est à noter qu’autant cette mobilité favorise les rapports mais son évolution reste encore inaccessible pour une grande partie de l’humanité, une grande partie du global.

3.     LES ATTRIBUTS DE L’INTERNATIONAL

L’International, contrairement au national, s’avère plus facile à décortiquer, car dans un sens simplifié, il fait référence à un ensemble composé de plusieurs, constituant un globe, pouvant se distinguer à des mots voisins comme mondial, universel, qui touche la terre dans son entièreté. Le terme « global » a pris tout son sens dans les années 1980 quand des chefs d’entreprises ont voulu instaurer leurs annexes sur plusieurs marchés par l’internationalisation de l’actionnariat en vue de susciter une certaine concurrence sur l’ensemble des territoires, provoquant ainsi des barrières commerciales, des frontières politiques, etc. Nonobstant l’internationalisation le global reste quand même bien un atout incontournable facilitant les liens entre les grands entrepreneurs, le monde politique et les investissements de toutes sortes. Certaines décisions prises dans un seul territoire peuvent avoir une influence partout dans le monde d’où sa portée globale.

4.     LES CHANGEMENTS POSITIFS APPORTÉS PAR LA COVID-19

Pour mieux comprendre la propagation de la pandémie qui sévit actuellement à l’échelle mondiale, il importe de penser l’interdépendance entre le national et l’international. D’abord, nous nous devons reconnaître que l’internationalisation est due à la déconcentration de la production permettant d’atteindre la production scientifique. C’est ainsi que de grandes avancées technologiques ont permis de repousser les limites de la communication et de l’information en introduisant le local aux regards d’analyses d’échanges faites à l’échelle mondiale (Hoekman et Freken, 2014). Pour pouvoir nous projeter dans une société de demain adaptable avec toutes les séquelles que laissera la COVID-19, nous devons nous rendre à l’évidence qu’en dépit de ces impasses, nous n’avons de choix que de planifier notre vie à l’intérieur de cette pandémie et profiter de toutes les ressources informationnelles, communicationnelles, virtuelles, mises à notre disposition afin de pallier et nous adapter aux nouvelles habitudes de vie. La question de l’existence possible d’une sphère « mondiale » de savoirs dans des sociétés modernes reste, du point de vue sociologique, un domaine largement inexploré, même si la thématique de la mondialisation du savoir, de l’information, des idées ou des politiques est abordée dans le cadre de certains débats sur les processus de mondialisation (Dobbin, Simmons et Garrett, 2007). Force est de constater que toute l’ampleur de la pandémie est due aux nombreux déplacements dans ce processus de globalisation qui constitue à la fois le local et le global qui construisent le village planétaire. Les différents quartiers de ce grand village communiquant entre eux malgré les barrières, les délimitations et les frontières afin de prioriser les échanges sur les préoccupations planétaires, sur les échanges de ressources communes en alimentation, en écologie, en économie, en aviation, en paix, en politique, en santé, qui nécessitent des activités communes et collectives impliquant les différents territoires. Cette interdépendance a malheureusement contribué à la propagation de la maladie du coronavirus. Mais quelle Société pour demain ? Quel avenir ? Quel plan d’aménagement et d’adaptation ? Si par la mondialisation, la pandémie a pu se propager comme une trainée de poudre et, à l’avenir par cette même mondialisation, sera-t-il possible d’en tirer profit, leçons et s’en remettre, par les ressources favorables existantes entre le local et le global ?

5.     QUEL AVENIR POUR DEMAIN ?

S’il y a une chose à retenir, c’est que la science joue un rôle prépondérant dans ce plan d’adaptation, particulièrement dans la technologie et la communication. D’ailleurs ne serait-ce la communication comment aurait-on pu garder une maintenance dans la circulation des informations et conseils requis durant cette période ? La pandémie attaque à des niveaux différents tous les territoires du village planétaire affectant les différents territoires autant qu’économique, politique, sanitaire et social. Il importe de souligner dans cette quête de progrès que la science devrait veiller à bien définir les finalités de l’éducation du futur de demain, que les progrès et les avancées puissent s’accompagner de posologie répondant aux enjeux et perspectives réelles et actuelles capables de contrer tous les intérêts et problèmes d’ordres mondiaux. C’est important de ne pas prioriser la compréhension d’un domaine spécifique mais plutôt d’éduquer pour la compréhension humaine. En effet, si l’humain apprend à s’entendre, à comprendre tout ce qui se passe autour de lui et s’il se porte garant de la société en prônant la solidarité intellectuelle et morale, la facilitation de la compréhension humaine en serait assurée (Morin, 1999).

Demain, il est impératif de construire un ensemble capable d’établir et de renforcer des liens qui déboucheront sur la régulation d’une croissance équitable d’échanges internationaux. Demain, il importe d’instaurer une solidarité globale capable de conditionner une nouvelle aventure technologique et économique. Demain, il devient essentiel de valoriser un dynamisme d’interconnexion optimale entre les différents territoires du village planétaire pour des intérêts communs priorisant une structure des différents locaux du village, répondant aux normes des structures globales. Pour assurer un lendemain sécuritaire, sanitaire, économique, politique, aujourd’hui au niveau local, il faudrait que les habitants du monde puissent avoir une vision claire et engageante de ce que ce sera fait demain pour entreprendre des actions gagnantes afin de rendre demain meilleur à l’échelle locale, régionale, nationale et mondiale.

CONCLUSION

Par rapport à ce qui se passe aujourd’hui, l’une des plus importantes choses c’est de nous ériger en acteurs/actrices de changement qui s’évertuent à développer des compétences utiles à une meilleure compréhension du monde. De plus, à travers des actions civiques, nous devons adopter des comportements d’humain responsable, conscient·e de son milieu de vie ainsi que de l’impact de ses gestes.

« À l’ère actuelle, il n’est pas que question de vivre ensemble, mais de construire ensemble. »

Apprendre à se connaître et comprendre les autres est un critère primordial d’un cosmopolite.

RÉFÉRENCES

Dobbin, F., Simmons, B. et Garrett, G. (2007). The global diffusion of public policies: Social construction, coercion, competition, or learning? Annual Review of Sociology, 33, 449-72. https://doi.org/10.1146/annurev.soc.33.090106.142507  

Hoekman, M. et Freken, P. (2014). Exploring the use of information communication technologies by selected Caribbean extension officers. The Journal of Agricultural Education and Extension, 20(5), 485-95. https://doi.org/10.1080/1389224X.2014.927373

Jacquard, A. (2005). Nouvelle petite philosophie. Éditeur.

McLuhan, M. (1967). The Medium is the Massage. New York: Bantam Books.

Morin, E. (1999). Les sept savoirs nécessaires à l’éducation du futur.Paris : Seuil.

Szczepanski, M. (2003). Le village planétaire. Variations sur l’échelle d’un lieu commun. Mots. Les langages du politique, 71, 149-156. http://journals.openedition.org/mots/8553

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